KevCaz's Website

Durant la semaine du 30 Septembre, trois thèmes ont attiré mon attention:

  1. un questionnement sur la démocratie participative
  2. la transparence en temps de crise
  3. le schisme de réalité sur les enjeux climatiques

Besoin de démocratie participative?

Cela fait quelques mois que je me questionne sur la démocratie participative et plus précisément sur son articulation avec la démocratie représentative. Cette semaine, dans la presse française, les 150 citoyens tirés aléatoirement pour réfléchir aux enjeux climatiques ont donné une bonne occasion d’en parler.

Avec cette convention citoyenne, nous avons des représentants élus qui décident de mettre en place un tirage au sort représentatif de la population pour avoir des représentants issus des électeurs pour faire leur boulot 😱! Évidemment, je caricature. Néanmoins, cette situation met le doigt sur la nécessité de trouver une juste articulation entre les deux niveaux de démocratie, pour ne pas transformer l’opportunité d’une réelle implication de la population dans des processus décisionnels en une triste supercherie, avec des citoyens qui au final décide de presque rien.

Cette question d’articulation est très bien posée en tête d’un entretien avec Loïc Blondiaux sur le site SES-ENS:

Dans quelle mesure la démocratie participative est-elle susceptible de compléter et d’enrichir la démocratie représentative ?

Les éléments qu’il apporte sont très éclairant pour aller au-delà de la caricature! Alors au lieu de paraphraser le spécialiste, je vous encourage à à le lire!

Transparence par temps chaud

Parmi l’actualité de cette semaine, une place importante a été faîte aux conséquences de l’incendie de Lubrizol12, avec de nombreuses questions : qu’est-ce qui a vraiment brûlé? En quelle quantité? Quelle est la composition des retombées? Quel est le niveau d’exposition des habitants? etc. Les habitants sont en droit, il me semble, de connaître précisément la nature du danger auquel ils ont été exposés sans délai; il y a urgence. Ce n’aurait peut-être pas été le cas, d’ailleurs, s’il existait des plans d’évacuation des villes, un peu comme aux États-Unis (plans que je trouvais inutiles pendant un temps, bien moins aujourd’hui): certaines questions auraient pu être traitées dans un second temps, après que les habitants eurent été mis à l’abri. Au lieu de cela, ces derniers se questionnent lourdement et la communication du gouvernement, plutôt calamiteuse3, n’a rien arrangé.

Personnellement, je regarde maintenant avec suspicion les interventions de la ministre de la santé qui se veut rassurante4, comme s’il y a du nuage de Tchernobyl dans celui de Lubrizol. Un des problèmes actuel majeurs est que, étant donnée que ce qui est dit par les autorités sur le sujet est regardé avec une attention extrême, et que dans le même on sait qu’il y a des éléments de réglementation problématiques qui ont contribué à la situation5, le discours des autorités est filtré avec grand soin ; ce qui prend un certain temps… Difficile de ne pas en conclure que la transparence dans un tel contexte, même pour le bien des populations, c’est trop demander.

Schisme de réalité

J’ai lu avec grand intérêt un entretien de Hervé Le Treut donné à Mediapart dans lequel le climatologue revenait notamment sur la question posée aux 150 membres de la Convention citoyenne mentionnée plus haut: “Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2030, par rapport à 1990 ?”. À son avis, elle est trop simple en comparaison aux enjeux climatiques qui sont eux très complexe. La question posée aurait du avoir une portée beaucoup plus large. Travaillant moi-même sur les changements de biodiversité liés au changement climatique, pour lesquels la complexité est une donnée fondamentale, je ne peux que plussoyer.

J’ai été aussi sensible au “schisme de réalité”, terme tiré du livre de Stefan Aykut et Amy Dahan6 et repris par le climatologue. La mise en scène du changement climatique, les innombrables heures passées à mentionner les problèmes actuels et ceux à venir contraste très fortement avec le peu d’action entreprises y remédier ; il y a un gouffre qui méritait bien un nom! Ce constate est entré en résonance avec le dernier livre de Michel Houellebecq, Sérotonine, dont j’ai commencé la lecture. Assez tôt dans le récit, le narrateur exprime la pensée suivante:

“[…] – je n’aurais peut-être pas fait quelques chose de bien dans ma vie, mais au moins j’aurais contribué à détruire la planète – […].”

Ce qui m’a fait questionné sur ce que je préfère: l’irresponsabilité lucide du personnage ou le volontarisme inconséquent dans lequel je vis. Je ne trancherais pas maintenant, il y a actuellement des sources vives d’espoir. Une chose me paraît certaine cependant: plus nous resterons dans ce schisme et plus le choc de sortie sera brutal.